Roc la Tour, Ardennes - France, novembre 2011



Skylines  #1

 

Neuf miroirs circulaires et identiques serpentent au sol comme les dalles d'un chemin dans un fragment de paysage :  Roc La Tour dans la vallée de la Meuse. Le nom du lieu est poétique et porte déjà en lui une part  de mystère.  Trois  images nous restituent la mise en scène, l'intervention artistique de Thierry Chantegret à différentes heures du jour qui vient et qui s'en va. Elles apparaissent comme des points clairs reflétant le ciel  étonnamment lumineux dans cette aire photographiée entre chien et loup, dans un matin brumeux et un coucher de soleil. Les miroirs renvoient la réalité de la lumière et la capture, ils renvoient aussi de l'irréalité, une part de rêve, d'absolu. Ils reflètent une petite partie du monde à chaque seconde qui passe, mais ce fragment d'espace y  est inversé et le haut et le bas s'y rejoignent. Il n'y à que l'infini qui s'y mire dans une continuité verticale et la rupture des bords des cercles. L'immensité du ciel s'engouffre dans neuf disques qui n'ont pas de fond. Les trouées sont autant de fenêtres qui ouvrent et percent la terre. Elles sont aussi des obstacles, des écrans, empêchant leur paradoxale opacité d'être traversée de part en part. Peut être même se font-ils trompe-l'œil... 


"Ce qui est lumière me regarde, et grâce à cette lumière au fond de mon oeil, quelque chose se peint" (Lacan).  


Thierry Chantegret y a ouvert pendant l'hiver, le 15 novembre 2011, une dimension supplémentaire, comme l'ont fait les artistes Robert Smithson, Ann Véroniqua Janssens, Dimitri Xénakis, le photograghe Jean-Louis Potier (entre autres...) à chaque fois qu'ils ont posé des miroirs dans le paysage et que la tentation est grande à chaque fois de voir en eux une lumière émise, autonome, étrange... 


Texte de Béatrice Meunier

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