Auschwitz - Pologne, le 10 août 2010
Ces 32 diptyques (de 1 à 32 comme indiqué sur les documents joints) font l’état des lieux de ce qui reste du campement dans lesquel 23000 Tsiganes ont été déportés à Auschwitz. 19000 y périrent.
Il ne reste que les deux cheminées en brique aux extrémités des batiments. La partie en bois a disparu parce que les allemands ont cherché à en effacer la trace en les brûlant à la fin de la guerre.
La terrible sentence que dans tous les camps les S.S. se plaisaient à répéter à l’arrivée de chaque convoi a pris là sa lourde signification : "Ici on entre par la porte, on sort par la cheminée."
Le baraquement n°32, dernier diptyque de la série, porte le nom du docteur Josef Mengel qui s’y était installé pour réaliser ses expériences. C’est en effet sur des Tsiganes, dans ce camp, que celui-ci réalisa ses "expériences médicales"
Parce qu’ils étaient considérés comme des " asociaux", entre 250 000 et 500 000 Tsiganes, sur les 700 000 qui vivaient en Europe, ont été exterminés pendant la seconde guerre mondiale par les nazis et leurs alliés, à l’exception de la Bulgarie. L’imprécision de ces statistiques est due à la fois à la pénurie de documents les concernant et à leur propre tradition : "Le peuple tsigane n’est pas un peuple du souvenir, mais de l’oubli". Et même les juifs sont "rares à se souvenir de ces misérables, aussi désemparés qu’eux, conduits à la chambre à gaz". Génocide oublié auquel participa également la France de Vichy en les plaçant, dès octobre 1940, dans des camps d’internement, placement facilité par la loi de 1912 ordonnant leur fichage comme "nomades".
Claire Auzias, le Monde diplomatique
Documents : catalogue de l'exposition permanente du Mémorial Tsigane d' Auschwitz.